Et 1 ... jeudi 27 mai 2010
Il y a des moments dans la vie où il ne suffit plus de rester derrière son téléviseur, son journal ou son écran d’ordinateur à critiquer les choix des décideurs et à espérer que les choses changeront aux prochaines élections ...
Nous y avons croisé des gens de toutes conditions et de toutes âges ; nous avons marché à côté de groupes de syndicalistes bruyants à coups de slogans et nous avons marché à coté de jeunes, de couples et de familles sans étiquettes, silencieux. Aucun mot injurieux n’a retenti, aucune attaque politique ne s’est levée : la gauche ou la droite n’avaient pas de place face à un problème qui dépasse les clivages politiques traditionnels.
Mais quel problème, celui des retraites ? Bien sûr que non, c’est le problème de l’emploi qui est posé par cette foule, le traitement réservé aux retraites n’en étant qu’une des conséquences.
Finalement, si tout le monde avait du travail, le financement des retraites se limiterait à des petits ajustements dus aux faits que :
1 - les jeunes font des études plus longues
2 - la durée de vie a augmenté.
Malheureusement, ce n’est pas le cas : le chômage est un fléau qui ne cesse de se propager (et ça c’est le vrai débat). Il faut donc "faire avec".
Le pays se retrouve donc à devoir financer des chômeurs et des retraités : il n’est pas difficile de comprendre qu’un chômeur, de surcroît jeune, a un "coût social" sans aucune mesure avec un retraité. Allocations, formations, reclassements ... le jeune au chômage qui n’est plus moteur de consommation ... les zones de concentration des sans-emploi qui développent les activités marginales, le travail au noir ... quand ils ne plongent pas dans l’illégalité et la criminalité ...
L’addition ... s’il vous plait !!!
ET 2 ... jeudi 24 juin 2010
Depuis quelques jours le projet de loi sur les retraites est sorti ... 2 ans de plus pour tous, sauf exceptions à examiner et justifier au cas par cas (encore un recul, il ne suffit plus d’avoir un travail pénible ou dangereux, il faut prouver qu’on est en train d’en crever) !
Et encore aujourd’hui, les slogans brandis par cette foule réclament à nos gouvernants de s’attaquer au chômage de notre jeunesse et de traiter le problème conjoncturel de financement de la retraite de la même façon qu’ils ont traité les diverses récentes crises.
Et 3 ... mardi 7 septembre 2010
C’est aujourd’hui que les députés commencent les discussions sur le projet relatif aux retraites : pour qu’ils n’oublient pas que nous sommes directement concernés, nous manifestons notre présence dans la rue pour la troisième fois.
Nous arrivons à hauteur des leaders syndicaux qui défilent unis et nous entrons dans le cortège juste derrière eux : à ma grande surprise, ce ne sont pas les troupes des militants syndicaux qui les suivent, mais une masse de personnes anonymes, comme moi. Je me retourne vers la place de la République, un bon kilomètre plus loin : pas un ballon ou une banderole syndicale en vue, seulement cette foule compacte de gens qui marchent sans cris ni slogans revendicatifs !
Intrigué, je m’écarte sur la place de la Bastille pour attendre les organisations syndicales : ce n’est qu’au bout d’une bonne demi-heure qu’ils arrivent ... on s’y insère, juste devant un syndicat de policiers et on les accompagne jusqu’à Nation, terme du défilé.
Les informations du soir donnent entre 1M5 et 2M5 de manifestants dans 220 défilés sur tout le pays : tous les chiffres, de la police ou des organisateurs, affichent un +40% par rapport à la précédente manifestation. C’est une mobilisation sans précédents !
Pour donner le ton, je me suis permis de reporter deux opinions parues sur le blog du site "lemonde.fr" :
Interrogés sur les raisons qui les poussent à protester contre la réformes des retraites, des internautes du Monde.fr expliquent qu’ils considèrent que cette réforme les pénalisera, tout en épargnant beaucoup d’autres. D’autres au contraire ne descendront pas dans la rue, estimant ce mode d’action inefficace.
51 ans, pas de rolex et besoin d’une retraite par Marie-Laure M.
Bien sûr que j’irai manifester. Je travaille depuis l’âge de 20 ans, j’ai été salariée du public, du privé et travailleur indépendant. Aucune de mes cotisations complémentaires ne me sera utile : les polypensionnés, souvent précaires ou à temps partiel, payent des cotisations dont ils ne bénéficieront pas – la solidarité à l’envers – et ne peuvent racheter de trimestres à un prix décent quand ils ont un boulot un peu plus stable. Si je suis en bonne santé, je vais devoir travailler au-delà de 65 ans avec comme seule perspective le minimum vieillesse. Si j’ai des problèmes de santé, je n’ai plus rien. Merci les rentiers et les stables.
En grève pour le retrait du projet de loi ! par Axel P.
Je serai en grève le 7 septembre pour obtenir le retrait du projet de loi parce qu’il est pire que le statu quo. Le recul de l’âge du départ en retraite et l’augmentation des annuités nécessaires (en ces temps où le chômage, la précarité et les bas salaires battent des records) auront deux conséquences : la baisse de nos pensions et la réduction de notre temps libre après une vie passée au travail. Cette réforme n’a rien "d’inévitable" ! Nous n’avons jamais produit autant de richesses, de profits qu’aujourd’hui et pourtant, les patrons veulent nous priver de 2 ans de nos retraites ! Hors de question d’accepter ça. Si au soir du 7 septembre, le gouvernement n’a pas retiré son projet de loi, je suis déterminé à aller plus loin, vers la grève reconductible qui se généralise à tout le pays.
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